En quête de réponses
Anars se déplaçait lentement à travers l'étendu glacé des Cimesfroides, le son de ses pas étouffés par la neige au sol. Cela ne faisait qu'une heure que l'ultimatum lui avait été donné, mais il se refusait à l'inactivité. "Es-tu un lâche, ou un long-marcheur?" Cette question, aussi simple soit-elle, n'avait pourtant à ses yeux aucune réponse. Aussi, était-il partit la chercher, là où tout avait commencé pour lui. Il marchait maintenant depuis près d'une heure, lorsqu'il s’arrêta enfin à ce qui aurait pu semblé être le milieu de nul part. Laissant un instant la brise gelée lui fouetter le visage, il se contenta de rester là, debout au milieu de la neige, ses pensées vagabondant en des lieux connus de lui seul, lui faisant revoir sa vie. Puis, lentement, il dégaina son épée, avant d'en fixer la lame. L'acier était froid entre ses mains, l'épée luisant à peine sous les nuages couvrant les cieux. Que faire, que répondre? C'est la question qu'il s'était posé lorsque les officiers l'avaient finalement abandonné. Il aurait pu se contenter de les contredire, d'affirmer qu'il n'avait jamais fuit face au danger, et était un homme d'honneur. Mais il savait que leur mentir, et se mentir à soit, ne résoudrait rien. Alors il était parti, parti dans les cimes, comme s'il les fuyait. Mais était-ce là tout ce dont il était capable? Fuir, face au poids de ses erreurs? Était-ce là la seul chose qu'il sache faire? Plus jamais. Plus jamais, se dit-il. Aujourd'hui, il ne fuyait plus. Non. Aujourd'hui, il était en quête de réponse. Et il allait les trouver, auprès des seules personnes à l'avoir réellement connu. Dressant son arme haut au dessus de lui, Anars en fit luire un instant l'acier d’un éclat sinistre, avant de l'enfoncer profondément. Une seconde passa, suivit d'une autre. Bientôt, une minute passa depuis que la lame s'était abattu, Anars restant immobile, attendant...
Ce fut d'abord une goutte, suivit d'une seconde, avant qu'un léger ruisseau ne se forme au sol, là ou la lame était plongée. Lentement, mais surement, la neige fondait au alentour de la lame, dégageant doucement la pierre qui se trouvait en dessous. Celle-ci n'était pas très grande. Faite d'obsidienne, roche pourtant introuvable en ces lieu, elle ne dépassait pas les 50 cm de haut. Mais bien que petite et rustique, cette simple pierre gravée semblait être emplis d'un pouvoir que seul Anars comprenait. Et que lui seul percevait.
Le temps passait et bientôt, la neige se mis à tomber. Mais quand bien même la neige le recouvrait doucement et le vent le fouettait, Anars ne bougea pas, l'épée toujours plantée dans le roc. Son immobilité était tel que, si d'aventure quelqu'un était venu à l'apercevoir, il aurait facilement pu le prendre pour une simple statue. Et pourtant, si son corps ne bougeait pas d'un pouce, son esprit, lui, semblait se mouvoir et se déplacer plus rapidement que de raison. A quoi pouvait-il bien penser, seul au milieu de nulle part, en plein cœur des neiges? Peut être en parlera-t'il à qui le lui demandera. Ou peut être pas. Lui seul saurait dire ce qui se passa en cet instant, et rien ne garantisse qu'il en parle à quiconque.
Après plusieurs minutes, qui auraient pu semblé être des heures, voir des jours entier, Anars finit par se relever, ne quittant pas la pierre des yeux. Retirant son épée du sol, il la tint un instant devant lui puis, d'un geste simple et rapide, s'entailla la main gauche. Sans frémir, ni prononcer le moindre mot, il se contenta de serrer le poing au dessus de la pierre, son sang tombant goutte à goutte sur la pierre...
"Plus. Jamais."